Ce 8 mai 2010 à Vitrac  

8h45, le ciel gris est conforme à ce début de mois de mai maussade.

J'arrive chez Jean -Louis MARTIN. Habituellement, Jean-Louis est salarié en travail posté dans une grande entreprise de production de tuiles de la région. Mais aujourd'hui est un jour particulier et Jean-Louis a accepté de réaliser en ma présence  ce qu'il confectionne, depuis des années, chaque 11 novembre et chaque 8 mai : la gerbe commémorative  déposée au monument aux morts.

 "J'aimais bien les fleurs, cela m'intéressait et je me suis dit : pourquoi pas le faire."

La confection artisanale de la gerbe est une tradition vitracoise. Avant, c'était Lucien Quichaud qui assumait cette responsabilité. Jean-Louis, lui, portait la gerbe lors de la cérémonie. À la disparition de Lucien, Jean-Louis a repris le flambeau.

"Dans les premiers temps, j'étais plutôt stressé, j'avais toujours peur de manquer de fleurs et de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout de l'ouvrage."

Il faut dire que dès le début, Jean-Louis ne s'est pas contenté de reproduire ce que faisait Lucien mais au contraire a tenu à apporter sa touche personnelle  à la réalisation.

 "Lucien utilisait une feuille de carton sur laquelle il posait les fleurs. L'ensemble restait très fragile et il fallait le manipuler avec précaution. Moi, j'avais ma petite idée dans la tête et j'ai fait faire une planche sur mesure sur laquelle je fixe mes fleurs à l'aide d'un feuillard ce qui me permet de bouger la gerbe dans tous les sens sans crainte. Et puis, j'ai ajouté une colombe, symbole de la Paix"

Six pots garnis de fleurs sont posés sur le sol de la remise où Jean-Louis commence la réalisation de son œuvre. Ces fleurs, elles proviennent pour quelques-unes de son jardin  mais surtout se sont ses voisins et voisines qui l'alimentent. "Sans leur sympathie, je n'aurai jamais assez de fleurs. Ils sont vraiment gentils et j'en aurai même plus si je le voulais. Je veux vraiment les remercier car sans eux, rien ne serait possible." 

 

 

   

 

Petit à petit, Jean-Louis dispose les fleurs sur la planche. "Ce n'est pas compliqué, il suffit d'avoir le goût et l'envie" dit-il bien modestement. Je l'observe. Je le vois juger, jauger, choisir, faire, refaire. Sans aucun doute, il a l'œil  expert pour associer fleurs et couleurs.

 

 

Jean-Louis s'affaire à "la charentaise", sans précipitation, sans énervement. " Cette année, il y a du lilas ce qui m'arrange bien." Une année ne fait pas l'autre car la floraison est, bien entendu, dépendante de la météorologie.

 

 

 

La gerbe a maintenant pris des couleurs. "Je ne veux pas mettre trop de verdure. C'est une gerbe et ce qu'il lui faut, ce sont des fleurs, beaucoup de fleurs." Une quarantaine de minutes se sont maintenant écoulées. La mise en place des bandeaux bleu, blanc rouge constitue la dernière touche de l'œuvre.

   

 

Celle -ci est maintenant achevée et dans quelques minutes sera déposée solennellement au monument. Elle est magnifique.

" Il faut quand même faire une belle gerbe. Les gars, ils méritent bien ça !"

Bravo Jean-Louis et merci pour ton talent, ton ingéniosité et ton humilité.

Alain Bohère, le 8 mai 2010.

VOIR LA SUITE : CÉRÉMONIE DU SOUVENIR

 

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